Fondée en 1965 pour encourager le talent artistique des détenus, la Creative Award Association (CAA) organisait alors un concours d'art sous le haut patronage de personnalités diverses, notamment Gérard Pelletier, le cardinal Paul-Émile Léger, Pauline Vanier, Jean Marchand, René Lévesque, Thérèse Casgrain, Jean-Louis Roux et Gratien Gélinas. En 1967, ses membres faisaient partie des premiers citoyens à obtenir la permission de pénétrer à l'intérieur des établissements pénitenciers pour aider les détenus à s'adonner à la pratique des arts plastiques. En 1969, suite à la réforme du Service correctionnel canadien, la CAA se réoriente, agrandit son champ d'action et devient l'Association de Rencontres Culturelles Avec les Détenu(e)s (ARCAD).
Un des objectifs de l’ARCAD est d’assurer régulièrement des rencontres libres et constructives entre les détenus et les membres de la communauté. Lors de ces rencontres, nous discutons des événements de l’actualité, des problèmes sociaux ou de préoccupations plus existentielles qui touchent les résidants ou les citoyens. Nous tenons également des rencontres sociales et amicales qui favorisent la réflexion et l’échange gratuit. Le dialogue qui s’engage est pour chacun une occasion de s’exprimer et de se situer par rapport à différents sujets. Il apporte aux détenus un contact avec le monde extérieur et constitue pour certains la première étape de la réinsertion sociale. Nous rencontrons encore souvent des détenus qui sont complètement coupés de contact avec leur famille. Selon les commentaires formulés par plusieurs participants, le caractère libre et décontracté de nos soirées représente souvent la seule occasion qu’ils ont de s’exprimer sans entraves et surtout, de pouvoir jauger s’ils sont encore en contact avec la réalité que vit la majorité des citoyens. Nous organisons également des joutes sportives amicales de volley-ball et des ateliers d’échecs qui se prêtent très bien à des conversations parallèles au jeu. D’autres bénévoles de notre association complètent notre mission de garder les résidants en contact avec le monde libre par le biais de notre service de correspondance. Il en va de même pour les membres qui animent les conférences hors murs à l’intention des détenus qui bénéficient de permission de sortir en groupe ainsi que les personnes qui les escortent du pénitencier jusqu’au lieu de la conférence. Confrontés aux idées reçues et aux rumeurs qui ont cours sur le monde carcéral, nous sommes interpellés à l’occasion à titre d’organisme intervenant sur le terrain, tout spécialement lorsqu’un événement spectaculaire survient. Ce type d’intervention publique est nécessaire pour donner une information juste quant à la situation réelle qui prévaut dans les pénitenciers. Notre silence représenterait une confirmation de ces mythes et laisserait croire que ces cas marginaux sont monnaie courante. Notre présence sur le terrain nous a permis de constater qu’il existe une proportion importante de la population carcérale qui désire sincèrement s’amender et réintégrer la majorité respectueuse des lois. En tant que témoin de cet aspect trop souvent oublié, nous nous devons de faire connaître notre action ainsi que les effets positifs de notre contribution à toute la société. À ce titre, notre statut de neutralité nous sert bien puisque nous ne faisons qu’expliquer les faits, sans défendre la population carcérale ou le système correctionnel.